Championnats d’Europe des Jeux de série à Cervera / Espagne

Championnat d’Europe à la bande

Avant de commencer ce récit, je tiens à remercier la Casal de Cervera et son billard club, tous les bénévoles et les passionnés qui permettent à ces disciplines classiques de perdurer encore un peu. Ici, il y a une ferveur pour les jeux de série et ce lieu est mythique, sans doute hanté par feu Francisco Fortiana qui ne cesse de veiller sur nous. Un très grand merci à vous tous !

Dans le groupe A, nous retrouvons KAHOFER Arnim (AT), MARQUES Carlos (LUX), GERIMONT Willy (FR) et ESPINASA Joan (ES) et c’est relativement sans surprise que le français et l’autrichien sortent de ce groupe, puisque ESPINASA n’a pas su les mettre en difficulté. GERIMONT est très régulier avec trois parties en 10, 11 et 10 pour finir premier dans ce groupe à 9,37. Arnim perd le duel entre contre Willy 100 à 60 en 11 reprises, mais sort du groupe avec 9,62 grâce à deux autres parties en 8 reprises. ESPINASA remporte le duel avec MARQUES et finit 3ème du groupe avec 4,56, le luxembourgeois ferme ce groupe avec 2,30.

Dans le groupe B, c’était LEROY Xavier (FR), GERASSIMOPOULOS Nikolaos (GR), BACA Miroslav (CZ) et DE BACKER Peter (BE) qui se sont disputés les qualifications. C’est le belge qui a réussi à se montrer plus fort que les autres en terminant premier du groupe avec 5,66, la seconde place revenant au français avec 6,20. Le grec (4,58) et le tchèque (2,40) n’ont pas su rivaliser.

Dans le groupe C, CUENCA Raul (ES), NIESSEN Patrick (BE), LIPSCHER Otto (HU) et VELDHUIZEN Gert jan (NLD) se sont affrontés pour la qualification et pour le plus grand plaisir du public espagnol c’est CUENCA qui affiche le mieux ses intentions avec deux victoires et un match nul contre son dauphin VEMHUIZEN, mais sa meilleure moyenne de 8,57 et supérieure à celle du hollandais à 6,20. Le belge NIESSEN (2,57) et le hongrois (1,54) ferment la marche de ce groupe.

Dans le groupe D, tout allait se jouer entre SWERTZ Raymund (NL), GRETILLAT Xavier (CH), MATA Esteve (ES) et HIKL Michael (AUT), sans doute le groupe le plus relevé de ce tournoi avec aucun outsider; Le premier tour est sous tension et s’annonce directement déterminant. MATA prend le dessus, 100 à 96, dans un match marathon en 22 reprises, et SWERTZ bat HIKL en 14 reprises. Au second tour, les cartes sont rebattues grâce à la victoire de SWERTZ sur MATA en 5 reprises et de GRETILLAT sur HIKL en 7 reprises, avec la meilleure série du tournoi de 85. Tout se joue au dernier tour et SWERTZ et MATA ne lâchent rien et se qualifient pour les quarts de finale.

Le meilleur match de ces quarts de finale est au crédit de l’espagnol CUENCA qui termine la distance de 120 points en 7 reprises en battant VELDHUIZEN. L’autrichien KAHOFER suit avec 9 reprises en battant le belge DE BACKER. Le duel entre les français tourne à l’avantage de GERIMONT qui bat son compatriote LEROY en 22 reprises. Le dernier match est une surprise, une égalité en 32 reprises entre SWERTZ et MATA, mais ce dernier s’incline en prolongation !

En demi-finale KAHOFER extermine GERIMONT 120 à 41 en seulement 5 reprises, avec la seconde meilleure série de 82. CUENCA vient à bout de SWERTZ 120 à 46 en 13 reprises.

Le finale tendue entre CUENCA et KAHOFER tourne à l’avantage de l’espagnol, 120 à 100 en 17 reprises. Une victoire espagnole qui ravit le public de la Casal de Cervera..

Championnat d’Europe au cadre 47/2

Le groupe A est sans doute le plus relevé de ce championnat avec SWERTZ Raymund (NL), GERIMONT Willy (FR), GERASSIMOPOULOS Nikolaos (GR) et HIKL Michael (AUT). L’homme fort du groupe est sans aucun doute le français GERIMONT qui gagne ses trois matchs à 75.00 de moyenne et une partie à 200.00. Avec deux victoires en 4 reprises et une défaite contre GERIMONT (200:171 en 1 reprise), SWERTZ se qualifie également avec 64.11 de moyenne. HIKL (29.75) et GERRASSIMOPOULOS (27.86).

Le groupe B est aussi difficile avec NIESSEN Patrick (BE), CUENCA Raul (ES), VAN SILFHOUT Michel (NL) et RIEDEL Arnd (DE). Le belge NIESSEN assume sa réputation de leader et atomise ses concurrents en 3, 1 et 2 reprises, 100.00 de moyenne ! L’espagnol CUENCA gagne sa qualification à 62.75 de moyenne, avec une défaite contre NIESSEN en une reprise et deux victoires en 3 et 4 reprises. Le hollandais VAN SILFHOUT (12.56) et l’allemand RIEDEL (6.00) ne passent pas la rampe.

Dans le groupe C, c’est MATA Esteve (ES), FAUS Marek (CZ), MARQUES Carlos (LUX) et MEGENS Lyon (NL) qui se sont disputés la qualification en quart de finale. C’est sans surprise que l’espagnol MATA (50.00) et le tchèque FAUS (30.42) ont pris le dessus face au hollandais MEGENS (14.22) et au luxembourgeois MARQUES (7.65). Le duel entre MATA et FAUS tourne à l’avantage de l’espagnol dans une partie en seulement trois reprises.

Dans le groupe D, le niveau est très serré entre KAHOFER Arnim (AT), GRETILLAT Xavier (CH) et ESPINASA Joan (ES). Seul l’allemand POTHER (18.76) passe à côté de ce championnat. Pour le reste les duels sont intenses et GRETILLAT (50.00) réalise trois victoires, une première partie en 10 reprises, puis aligne deux fois de suite la partie parfaite en une reprise. La seconde place du groupe revient à KAHOFER (57.14) qui arrache le duel avec ESPINASA (49.52) sur le score de 200 à 197 en 3 reprises.

En quart de finale, GERIMONT poursuit sur sa lancée avec la meilleure série du tournoi, 247, pour finaliser 250 points en 2 reprises contre KAHOFER qui reste à 51 points. MATA prend le dessus sur SWERTZ 250 à 177 en seulement trois reprises. Le suisse GRETILLAT bat l’espagnol CUENCA en 4 reprises 250 à 213. Et FAUS est le dernier qualifié dans une lutte en 12 reprises, 250 à 221 pour NIESSEN.

En demi-finale, le français GERIMONT lutte pendant 6 reprises pour battre le suisse GRETILLAT 250 à 174, alors que sur l’autre table MATA dicte sa loi à FAUS en seulement deux reprises.

En finale, GERIMONT semble avoir trouvé la bonne formule et atomise MATA en seulement deux coups et une série de 210. Un second titre de champion d’Europe qui lui tenait à coeur, mais pour sûr pas le dernier. Il affiche les meilleures marques avec 75.00 de générale, il est le seul à avoir franchi les 200 de séries avec 210 et 247.

Championnat d’Europe au cadre 71/2

Dans le groupe A, SWERTZ Raymund (NL), GERASSIMOPOULOS Nikolaos (GR), MATA Esteve (ES) et VAN BOCHEM Micha (NL) se sont disputés les deux places en quarts de finale. MATA (37.50) et SWERTZ (22.17) n’ont pas eu de concurrence dans ce groupe où GERASSIMOPOULOS (10.59) et VAN BOCHEM (11.45) n’ont pas su rivaliser. Le duel attendu entre les deux têtes de série se termine bien pour MATA 150 à 77 en 3 reprises.

Dans le groupe B, le spécialiste NIESSEN Patrick (BE) avait fort à faire avec GERIMONT Willy (FR), VAN SILFHOUT Michel (NL) et HIKL Michael (AUT). C’est pourtant GERIMONT, plein de confiance, qui fait les meilleures marques et trois victoires en 2, 8 et 3 reprises, 50.00 de générales, et 143 de série. NIESSEN (12.58) cède sa place en quart de finale à VAN SILFHOUT (13.75) dans leur duel en 13 reprises, 150 à 87. HIKL (11.65) ferme ce groupe avec trois défaites.

Dans le groupe C, CUENCA Raul (ES), FAUS Marek (CZ), MARQUES Carlos (LUX) et VELDHUIZEN Gert jan (NLD) se battent pour les qualifications et c’est FAUS (40.90) qui fait la marche en tête avec trois victoires en 5, 2 et 4 reprises. La seconde place tourne à l’avantage de VELDHUIZEN (23.11) lors de sa confrontation avec CUENCA (14.50) 150 à 121 en 11 reprises. MARQUES (5.06) ferme la marche dans ce groupe.

Dans le groupe D, KAHOFER Arnim (AT) remporte ses trois matches contre GRETILLAT Xavier (CH), ESPINASA Joan (ES) et PÖTHER Christian (DE) en 3, 6 et 3 reprises, moyenne de 37,50. La seconde place en quart de finale s’est jouée entre ESPINASA (15,36) et GRETILLAT (22,57) jusqu’au dernier match… gagner ne suffisait pas, il leur fallait gagner avec une reprise de moins que l’autre, ce qu’a fait GRETILLAT face à POTHER (4,92) en trois reprises.

En quart de finales, FAUS et MATA renvoient à la maison les hollandais VAN SILFHOUT et SWERTZ, chacun 200 en 4 et 3 reprises respectivement. La surprise vient d’un autre hollandais VELDHUIZEN qui bat en 11 reprises le français GERIMONT, quelque peu fatigué. Et KAHOFER met fin aux espoirs du suisse GRETILLAT de monter une seconde fois sur le podium.

En demi-finale, KAHOFER fait un récital parfait face à MATA, 200 à 41 en 2 reprises, avec une série de 200 parfaitement maitrisée. Sur l’autre table, FAUS gagne VELDHUIZEN en 6 reprises.

La finale est tendue, KAHOFER et FAUS sont un peu en difficulté jusqu’à ce que KAHOFER remporte ce nouveau titre au terme d’une série de 122 ! KAHOFER a désormais 4 titres, chacun dans une discipline libre, 47/2, 71/2 et bande ! Bien peu ont réussi à en faire autant. Et il me confiait juste avant le podium être très satisfait de sa saison… il me disait avoir gagné le trois bandes et les jeux de séries en Autriche, et en Europe un titre au 71/2, de l’argent à la bande, et une 11ème place en trois bandes. Il est un joueur complet, un des rares à performer aux trois bandes et aux jeux de séries ! Il est devenu solide et pour sûr il n’a pas fini de gagner !

« Pour ma part, je ne vais pas tout vous raconter, ni chaque expérience ou chaque match, mais je vais essayer de restituer mon travail et mes impressions pendant cette semaine de compétitions. Tout d’abord il convient de replanter le décor… j’ai arrêté la compétition et l’entraînement durant trois années, puis j’y suis revenu lors de la saison précédente, avec comme objectif les mêmes championnats d’Europe au même endroit en mai 2024. Ce retour à la compétition s’est avéré très difficile, si le contenu psychologique de compétition était bien connu et inchangé, les chemins pour les mettre en place n’étaient plus valables. J’avais changé, évolué, et je n’étais plus réceptif aux mêmes choses. Après ces premiers échecs, j’ai travaillé et tenté d’inover, inventer de nouvelles solutions pour que la mise en place puisse se faire, une année de réflexion, d’essais, d’expériences parfois bonnes et parfois mauvaises, des espoirs puis des désespoir… Mais, j’ai fait de mon mieux, je me suis préparé pour cet ultime événement du mieux que je pouvais. Et les échecs en cours de saison, parsemés de réussites, me faisaient penser que je n’étais pas encore prêt. Alors mon objectif demeurait modeste, un retour sur un podium… et surtout testé mes préparations, de performer immédiatement, et tenté de les adapter le plus vite possible, d’un match après l’autre, d’une reprise après l’autre, voire même en cour de série. C’est donc avant tout un défi de gestion psychologique, car niveau résultats d’entrainement je n’ai objectivement jamais été aussi fort de ma vie… Place aux résultats.

Mon premier match à la bande contre Mata est une catastrophe. Tout est parti en *ouilles très vite et je n’ai jamais été capable de mettre en place correctement le plan établi. Je perds 100 à 96 un match marathon que je n’aurais jamais dû perdre, le match le plus important pour la qualification… et j’ai été mauvais jusqu’à la fin ! Grosse déception et deux heures devant pour analyser, travailler et corriger mon prochain match. Et c’est une réussite, le plan fonctionne, la stratégie est la bonne, 100 en 7 reprises et la meilleure série du tournoi de 85, mais il y a des reprises déchets qui devraient pas exister, mais quand même c’est beaucoup mieux ! Même stratégie au match suivant, mais pareil il y a des points et des reprises où la galère se fait sentir, et jouer 10 de moyenne face à un adversaire comme Swertz qui joue le match en 5 reprises, cela ne suffit pas. Eliminé ! La première partie catastrophe me coûte cher…

Mon premier match au cadre 47/2 se cale de manière générale sur la même stratégie que mes deux derniers matchs à la bande, avec quelques adaptations. Et un premier match catastrophe, en tout cas sur les 8 premières reprises… Exactement comme ce premier match catastrophe à la bande… Mais, contrairement au premier, je suis parvenu à m’en rendre compte, à m’adapter immédiatement et à terminer les quelques 150 points restants en deux reprises. Je tenais une formule sur cette fin de match que j’ai appliqué aux matchs suivants et cela a payé : deux fois 200 en une reprise ! Même formule le lendemain matin, avec la crainte que ce match soit comme les premiers matchs des jours précédents… Même si je n’ai pas été capable de reproduire la formule de la veille, c’est une victoire en 4 reprises et mon objectif atteint : un pied sur le podium. La dermi-finale commence donc sur l’inquiétude de ne pas avoir été capable de reproduire la formule en quart de finale, et surtout par mon adversaire Willy avec qui c’est toujours difficile de jouer: Mais étonnamment ce phénomène n’a pas vraiment atteint mes performances, j’ai été faible comme en quart de finale, j’avais tout pour me qualifier en finale et je n’ai pas su saisir les opportunités, je n’ai pas trouvé les clés pour gérer ma tête comme j’avais su le faire la veille.

Mon premier match au 71/2 est de nouveau un match déterminant dans la triangulaire finale, et là encore je poursuis comme la veille en mode galère, c’est le bordel dans ma tête et rien n’est en place comme il se doit… J’ai juste de la chance que mon adversaire ne fasse pas mieux et me laisse 8 reprises pour gagner ce match. Au tour suivant, je demeure en galère dès le départ et je subis la loi de Kahofer qui me rend la pareille de la partie que je lui ai fait au 47/2 en un coup, il gagne en 3 reprises. Le dernier match est le fruit d’une lourde réflexion sur les deux heures à disposition pour mettre de l’ordre dans ma tête et cela a payé, la formule me permet de mieux performer et de réaliser moi aussi la partie en 3 coups, et c’était nécessaire de performer mieux que Espinasa sur l’autre table. La qualification en quart est acquise.

Dans ce quart de finale, je me sens un peu mal à l’aise en début de jeu et lui et moi peinons à trouver la formule, mais à la 4ème reprise je me sens bien et j’entame une série avec de l’ordre dans ma tête et une formule qui tourne bien ! Puis est venu ce petit point en rétro que l’arbitre mal placé ne voit pas, je suis pourtant sûr à deux cent pour cent qu’il y est, mais le pauvre n’y peux rien il n’était pas bien placé et pas assez attentif et il ne l’a pas vu. Je proteste à ma manière, mais je comprends sa situation il ne peut rien faire. Et moi non plus. Je retourne à la chaise en expliquant mon absolue certitude à Arnim, lui seul a le pouvoir de faire quelque chose… il utilise cette situation très favorable, fait la série de 125 et termine ses points ! Autant dire que je suis en colère, toutes les fautes et les opportunités que j’ai manqué ne changeront pas cet état de fait : je suis allé m’asseoir alors que je n’ai pas raté, en pleine situation de confiance pour laquelle je me suis tant battu, et il a saisi l’opportunité pour faire la distance. J’avoue l’avoir de travers, même si cet immense champion réalise en demi finale la copie parfaite et la série de 200, même s’il gagne un titre mérité, même si tout… ben j’ai quand même pas raté. J’en veux aucunement à personne, je respecte l’arbitre et les erreurs qu’il peut faire comme dans tous sports, et je respecte aussi Arnim pour son immense talent et sa belle victoire.

La suite ? C’est sans tarder une réflexion profonde sur ce travail à poursuivre, des décisions qu’il conviendra de travailler et de tester en cours de saison, beaucoup d’idées se dessinent aujourd’hui pour me permettre de mettre en place plus facilement ce qui doit l’être, me remettre sur les bons rails plus rapidement voire immédiatement, trouver des solutions physiques à quelques soucis, travailler sur ce premier match et trouver la bonne voie pour performer dès le début, bref beaucoup de choses et de nouveaux défis motivants m’attendent durant la saison qui vient, avec pour point de mire les championnats d’Europe en Turquie en mars 2026. Verdict donc dans 9 mois! »