Mon expérience à Brandenburg 2019…
Mon expérience à Brandenburg 2019…

Mon expérience à Brandenburg 2019…

“Les championnats d’Europe regroupés, c’est pour les joueurs de séries que nous sommes l’objectif principal de la saison… parce qu’en l’absence de championnat du monde, un titre de champion d’Europe c’est le graal… et parce que cela ne peut se produire que tous les deux ans. Autant dire que chacun d’entre nous était préparé et prêt à en découdre. Cela se ressentait, personne n’était là pour rigoler, il y avait du niveau ! Mais le sport est cruel parfois et seul le présent compte, il faut performer ici et maintenant !

Halle de jeu du Stahlpalast de Brandenburg… 18 tables !
(photo Billardmagazin Touch)

J’ai pris l’option de vous livrer mon expérience personnelle, laissant le soin à Kozoom et à la CEB la rédaction des résultats techniques des 18 championnats qui se sont joués ici à Brandenburg, dans cette énorme halle du Stahlpalast. Magnifique endroit pour un tel événement. La même impression que les fois précédentes, je me représente cet événement comme étant une commercialisation industrielle du talent anonymisé, mais très intéressant pour le spectateur qui a toujours quelque chose à voir. Je l’apprécie et en même temps je regrette le temps où chaque championnat d’Europe était dévolu à un organisateur qui pouvait ainsi promouvoir son sport dans sa région et créer une ambiance moins industrielle. Bonne nouvelle selon Diane Wild, présidente de la CEB, il semblerait que peut-être nous aurons la possibilité de participer à nouveau à de tels championnats d’Europe, plus souvent que tous les deux ans… l’avenir nous le dira.

à l’arrêt dans les bouchons…

Pour ce point d’orgue de ma saison, mon voyage débute ainsi en voiture. Un jour de voyage, plus de 1’000 kilomètres plus tard, nous arrivons au Stahlpalast de Brandenburg et prenons nos quartiers à l’Axxon Hotel, juste à côté. Très important pour moi de loger juste à proximité, pour ma préparation mentale avant chaque match, l’application d’un rituel bien spécifique, la récupération, la nutrition et l’organisation. Et donc j’avais réservé ma place il y a 7 mois !

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Ah oui, je dis “nous” parce que j’ai la chance d’être accompagné par ma moitié, l’amour de ma vie qui m’apporte son soutien, sa présence et sa compréhension absolue pour vivre au rythme effréné de Brandenburg !

Et pendant que j’y suis, puisque je suis pas certain que le lecteur que vous êtes tiendra la longueur, j’en profite ici pour vous remercier, à tous, de m’avoir soutenu, encouragé et félicité, par messages, mails ou sur les réseaux sociaux. Vous étiez tant que je n’ai pas pu vous remercier personnellement. Désormais c’est fait.

Championnat d’Europe – Cadre 71/2

26 avril à 09h00, je commence dans le dur avec mon match au grand cadre contre un des plus joueurs le plus fort et le plus difficile, le belge Eddy Leppens, grand favori au podium. J’adore cette personne, il est humble et sportif, mais il m’énerve car un peu comme à l’image de son compatriote Caudron, il fait tous les points. Tout le temps. Et partout. Une seule stratégie avec lui, l’attaque. La défense n’apporte rien, il est trop fort partout. Après avoir fait le point sur moi-même la veille au soir, je créé mon protocole pour ce match. Parfaitement conditionné, je transite de l’Axxon et à l’aire de jeu tel un autiste dans son monde. A l’entrée, j’y laisse mes soucis. Cet aire de jeu anonymisante favorise ma concentration car toute forme de distraction peut se gérer plus facilement, à l’image de ce public loin et ne formant que des ombres. Il n’y a plus que moi, Eddy et les billes. Je perds le tirage et je débute mon match par le point d’entrée, en deux bandes. Je me sens bien, mais le matériel glisse, il roule pas mal, mais je fais des points et je regroupe les billes. Une première erreur intervient lorsque, sur une position un peu compliquée et entrée, je choisis de doubler la bille dans la largeur. Je me mets en place puis je décide au dernier moment de changer la quantité de bille pour être sûr de toucher plus gros la bille 3. Mal m’en a pris, la bille 2 contre la bille 3 et je manque le point. Eddy prend la main et fidèle à lui-même fait une série. Moi, sur la chaise, j’ai pris parti de ne pas le regarder et ne pas gaspiller d’énergie en subissant son jeu. Je regarde le vide et reste mobilisé, en mode veille. Il me redonne une chance à la 2ème reprise et là encore, après quelques points difficiles, je commets la même erreur qu’à la première reprise. Un rétro direct assez grand et au dernier moment, je décide de changer et de prendre un poil plus fin, sans changer l’énergie, je recule pas assez et je rate.

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Eddy Leppens (photo Billardmagazin Touch)

Il a beaucoup d’avance au compteur avant de me laisser ma troisième chance. Je la saisis et, dans une belle série bien menée dans tous les domaines, je termine mes 150 points sur une série de 137. Eddy a la reprise, il fait une série et se dirige tout droit vers l’égalisation, avant de faillir à seulement 10 points du but. Je gagne ce match difficile, 150 à 140 en 3 reprises, c’était le plus dur, ce premier match de Brandenburg, contre Eddy, tout s’est bien passé. Retour en chambre pour me débriefer et me préparer pour mon second match.

Même jour, à 21h00, je constate que Eddy a gagné en 4 reprises contre le franco-grec Gerassimopoulos, qui n’a réalisé que 79 points. Avec ce score, même si Nikos gagne, il ne se qualifie pas, ce sera Eddy. Je joue donc contre un adversaire qui n’a plus aucune chance de se qualifier, qui n’a plus rien à perdre, tout au plus laver son honneur et la défaite subie par Eddy. Nikos est déjà très dangereux à la base, mais pire encore s’il joue sans pression. Même rituel et même protocole pour ce match, avec la pression de la qualification, je peux perdre mais je dois au moins faire 140 points… Je commence bien, je me sens bien, mais je commets une erreur identique à la première partie sur un rappel de longueur pourtant simple, je corrige au dernier moment la quantité de bille pour un meilleur rappel mais je ne change pas la hauteur d’attaque pour le point. A la 2ème reprise, j’ai les billes à cheval vers l’ancre et là encore, je joue sans réellement décider laquelle des deux solutions je veux… je rate encore. A la 3ème reprise, on reprend les mêmes et on recommence, sur un point d’échelle traditionnel, je décide une fois en place que je manque un peu d’effet et finalement j’en mets trop ! Bref je joue mal, et lui il joue très bien et ne se fait pas prier pour finir ses 150 points en 4 reprises ! Il me reste la reprise et c’est confiant que j’entame cette reprise par le point d’entrée, en deux bandes. Je joue bien, je joue juste, j’ai affiné mon protocole et j’ai enfin trouvé le bon rythme, celui qui va faire du mal ! Mais malheureusement, sur un rappel de long, la bille 2 vient heurter la bille 3 et me propose une position alignée le long de la petite bande, sans autre solution qu’un énorme massé… que je manque. Bravo Nikos pour cette victoire qui permet à Eddy de jouer les quart de finale.

Les médaillés au cadre 71/2 (photo Billardmagazin Touch)

Avant de vous exposer la suite, je souhaite relever les débuts incroyables du génie hollandais Swertz qui extermine ses deux adversaires en un coup, et de Van Etten qui réalise lui aussi la partie parfaite en un coup. Si on enlève au hollandais sont quart de finale difficile contre Leppens, il aura fait 700 points en 9 reprises, je vous laisse calculer… la logique est respectée, Swertz est le plus fort et remporte un nouveau titre. Daske s’est invité en finale par surprise. Faus et Van Silfhout complète le podium.

Championnat d’Europe – Cadre 47/2

Après une journée de repos forcé à Berlin, pendant laquelle j’ai dû réfléchir et analyser mes deux matchs précédents, mais aussi profiter de la visite et de temps libre, j’ai compris que mes deux matchs au 71/2 étaient bons, j’ai commis des erreurs certes, mais l’état d’esprit du combattant était bon et je sais que je suis sur la bonne voie. Utiliser ma défaite pour mieux adapter mon protocole, améliorer certains détails et points faibles, je suis confiant.

Arnd Riedel
(photo Billardmagazin Touch)

Mon premier match le 28 avril 2019, à midi, contre l’allemand Riedel qui s’est fait battre par Dupont 200 à 149 en 11 reprises. Je m’apprête donc à rencontrer dans la théorie un joueur qui vient de jouer 13.54 de moyenne… Mais je connais très bien ce joueur allemand, sans pouvoir vous dire pourquoi. Mais je sais qu’il est très dangereux et que, contre moi, il va déployer toute son énergie et tous ses moyens pour me montrer ce dont il est capable. Et je sais qu’il est capable de m’assassiner en un coup !

Je gagne le tirage et Riedel commence, le point d’entrée étant difficile. Il fait 27 points et me laisse la main. Je commence par une longue période de galère, pas loin de 50 points, avant de montrer les crocs et la maîtrise de mon jeu. Cette série toutefois s’arrête suite à une perte de contrôle des billes et un point où je veux utiliser le rejet naturel maximal de la bille, mais je prends trop plein. Lui il arrive sur la table et déroule ses compétences comme un champion, il termine sur une série de 173 ! A moi la reprise, point d’entrée toujours par deux bandes, mais je ne vais faire que 12 points… je prends les billes pourtant mais je manque de lucidité en entamant cette série comme si la précédente de s’était jamais arrêtée. Je manque sur une fausse queue sur un long rétro, comme un débutant ! Riedel gagne 200 à 143 en 2 reprises !

Certes j’ai perdu, mais je sais que je tiens le bon bout. J’ai le bon protocole, il suffit juste de l’appliquer. Mon jeu sur les billes de distance, de demi-distance est bon. Je sais garder le contrôle du petit jeu. Malgré cette défaite, c’était un bon match et je sais que je suis sur le bon chemin.

Patrick Dupont
(photo Billardmagazin Touch)

Pas le temps de se reposer, c’est parti pour mon second match de qualification au petit cadre, avec Dupont, un joueur français humble et modeste que j’apprécie tout particulièrement. Capable du meilleur comme du pire. Même rituel de la préparation jusqu’à la table, même protocole, j’applique le plan : j’attaque ! Pas de grande série dans ce match, mais une erreur à la première reprise, un buttage à la seconde reprise et la fin du match à la 3ème reprise. Je renoue avec la victoire et je bats Dupont 200 à 55 en 3 reprises. Je me sentais bien, j’étais prêt pour ces quarts de finale le lendemain matin.

Pascal Dessaint
(photo Billardmagazin Touch)

29 avril, à 1230, même rituel. Mais lorsque j’arrive en salle, je dévie… pour aller saluer mon adversaire du jour que je n’avais pas encore vu, le sympatique français Pascal Dessaint, puis je tombe sur un moins sympathique compatriote tricolore qui use de sa seule seconde de parole pour me lancer avec un petit sourire “alors ça c’est pas bien passé en D1…” faisant allusion à mes déboires en championnat de France qui ont conduit mon équipe de Chartres à devoir assumer une relégation. Rituel rompu, j’arrive à la table perturbé… le match va être long. Je fais tout pour me remobiliser et rester concentré sur mon plan et mon protocole. Dessaint, un peu nerveux, commence et très vite les billes s’écartent et nous devons assumer trois reprises très difficiles. Puis dès la 4ème reprise, on commence à jouer, à resserrer le jeu, mais moi j’ai pas la tête. J’ai de la peine à me concentrer, oublier ce qui m’a perturbé en début de partie, un peu comme des flashs qui reviennent régulièrement. Le rythme de jeu est faux, je prends trop de temps à choisir et pas assez de soin à l’exécution. Il me faudra pas moins de 8 reprises pour venir à bout de ce match sur un score final de 250 à 102, avec une excellente série finale de 135. Bon c’était pas un très bon résultat, mais ce petit accident de parcourt psychologique m’aura renforcé et mon perturbateur m’a finalement plus aidé par sa méchanceté qu’il ne l’avait certainement voulu. Rassurez-vous, après notre rencontre qui se déroulera ultérieurement, je lui ai dit ce que je pensais et il s’en est excusé. Je ne lui en veux pas, c’est oublié.

Leppens et Gretillat, fin du match ! (photo Billardmagazin Touch)

Je suis content, une demi-finale est synonyme de médaille ! Je retrouve mon belge Eddy Leppens. Cette fois, c’est certain, je ne vais pas serrer de main avant mon match, j’applique le rituel à 100% et je me retrouve à table, prêt à me battre. Le protocole est bon, il me faut retrouver le bon rythme, adapter mes choix et le soin à l’exécution. Leppens commence mais ne va pas jusqu’au bout. Il me laisse ma chance et j’entame alors une série bien maîtrisée qui prendra fin à 45 sur un grand massé, enfin un massé de taille moyenne, sur lequel je me suis répété “ne lâche pas” au moins 2’000 fois et évidemment… j’ai lâché! Drôle comme ça, mais là je ne rigole pas du tout. Je sais qu’Eddy va terminer. Et pourtant, il me laisse une seconde chance que je ne laisse pas passer ! Après une série de 205, je gagne 250 à 131 en 2 reprises. Mais quelle galère en cette fin de match pour rester concentré sur mon jeu… parce que mon pote Willy, sur l’autre table, est en train de réaliser l’exploit de battre le génie hollandais Swertz dans l’autre demi-finale. Je le suis d’un œil, d’une oreille, et lorsqu’il joue pour 5 je demande le nettoyage des billes… Gérimont gagne et il sera en finale,. je suis content comme si c’était moi qui me qualifie alors que je suis toujours en jeu. Désormais, chaque point que je réalise nous propulse vers une finale 100% chartraine que personne n’aurait osé rêver un jour !!! Incroyable, mon ami Willy et moi… en finale. Ca fait quand même bizarre… Chartres est vice-champion d’Europe, Willy et moi on est champion d’Europe et vice-champion d’Europe, sans savoir dans quel sens pour le moment, et pourtant si notre équipe survit elle ira se battre en D2… Bref pas le temps pour le futur, juste le présent, et là on laisse exprimer notre satisfaction. On fêtera cette finale à venir autour de la table à manger le soir même, on déjeunera ensemble le lendemain matin, puis on se séparera pour redevenir des adversaires…

Willy Gérimont
(photo Billardmagazin Touch)

30 avril, peu avant 10h30, je quitte ma chambre, préparé et conditionné, je rejoint ma table selon le rituel et enfin, je suis bien ici, en sécurité, je ne vois rien de ce qui m’entoure, je ne perçoit plus rien d’autre que mes billes, je fais fi des caméras, je suis prêt à me battre. Je choisis de commencer, d’attaquer le premier, je joue la sécurité par deux bandes même si l’attaque du premier point par la gauche commence à devenir possible. Cela me permet de jouer assez fort pour le point… mais je rate et laisse un point pas trop difficile mais écarté et Willy rate. A la seconde reprise, un grand point, je le réalise mais manque le second. Et de nouveau une reprise difficile pour Gérimont. Il rate et me laisse un grand point, que je réalise, je prend les billes et dans une belle série je réalise les 249 points restants. A Willy d’égaliser, il choisit d’attaquer par la gauche, ce qui nécessite une exécution parfaite avec ce matériel, mais il manque, pas assez d’énergie. Voilà c’est fait, mon 5ème titre de champion d’Europe, le 4ème dans cette discipline ! Bravo à Willy pour cette médaille d’argent ! Je sais que tu es le meilleur joueur français et que la couleur de ta médaille va devenir jaune très bientôt !

Les médaillés (photo Billardmagazin Touch)

Championnat d’Europe – à la bande

Jean-François Florent
(photo Billardmagazin Touch)

Ce championnat d’Europe à la bande débute le même jour, à 17h00, peu de temps après la finale du cadre 47/2. Et c’est pas plus mal ainsi, je suis chaud. Je joue bien, je suis en confiance, le rythme est bon, et je dois simplement continuer à appliquer mon plan! Je joue Jean-François Florent, une de mes deux bêtes noires en championnat de France par équipes, mais je suis motivé à rompre ce mauvais sort.

Je commence ce premier match à la bande, confiant, sur le même mode que ma finale, en mode Terminator. Et je le sens tout de suite. Je suis bien, j’ai le bon rythme à nouveau, adapté dans mes choix et mon exécution. J’alterne les phases de billes de près et de récupération, j’applique mon protocole et j’exécute Jeff en deux reprises seulement 100 à 8 !

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50.00, nouveau record de Suisse

Très belle partie, un nouveau record de Suisse pour moi. Je suis très content de cette première partie à la bande, car mon ambition est de gagner cette discipline. La bande est mon jeu favori, mais je n’ai jamais gagné, j’ai perdu 4 fois en finale de championnat d’Europe, certes contre les meilleurs que sont Caudron, De Bruijn et Zenkner, mais 4 échecs quand même. Ce titre me manque et je veux me battre pour lui. Et si je continue sur cette lancée, ça peut faire mal !


Dave Christiani
(photo Billardmagazin Touch)

Même jour, à 20h00. Après ce premier match à la bande, je suis confiant, j’avais la solution pour performer à ce jeu et continuer dans le championnat. Même si je rencontre le hollandais Christiani, un des meilleurs hollandais, je pouvais le faire. Mais un événement vient perturber mon rituel et le bon fonctionnement de la machine… cet événement c’est la cérémonie de remise des médailles de ma victoire au jeu précédent, prévue à 19h30. Alors que dans ma tête, je suis déjà passé à autre chose, alors dans mon cerveau je suis conditionné pour lutter et me battre sur la table dans cette seconde et cruciale partie… me voilà à me pavaner en musique, sur un podium, avec un hymne national, des photos, faut pas oublier de sourire, alors que j’étais en pleine concentration avant cela… je crois que c’est fini, mais non faut rester pour les autres disciplines… et après faut encore aller faire des photos officielles… lorsque je suis libéré de tout ce folklore, j’arrive enfin à ma table pour jouer, Christiani est à plus de 4 minutes d’échauffement ! Il me reste 1 minute pour visser ma queue, m’échauffer et tenter de me reconcentrer. C’est pas grave, je dois faire avec…. Mais je sais que ce sera difficile. La fatigue déjà présente suite à cette finale gagnée et mon premier match à la bande, toute cette énergie pour me conditionner inutilement… mais c’est pas important, c’est maintenant ou jamais. Et au départ, ça va encore, je me sens plutôt bien. Il adopte immédiatement un jeu ouvert, mais à la 4ème reprise j’arrive à rattraper mon retard avec une belle série bien menée de 42 points. Mais Christiani connaît mes faiblesses et me sent faiblir. Je touche moins bien les grands points, je commets des erreurs de touche grossières, il va continuer son jeu aux trois bandes. Moi je perds en énergie, je sors de mon protocole incapable d’y revenir. La seule fois où je parviens à récupérer des billes favorables à une série, mon faux rythme me pousse à l’erreur. Jusqu’à la fin je garde espoir de revenir, il me manque pas trop de point pour égaliser, mais cela ne se fera pas. Celui qui sera champion d’Europe gagne contre moi 100 à 78 en 12 reprises. Bravo à lui. Je suis évidemment très déçu par ce résultat, j’étais confiant et j’avais la solution, mais je n’ai pas réussi à performer une troisième fois dans cette journée, je n’ai pas réussi à mobiliser assez d’énergie pour revenir dans cette spirale, je n’ai pas réussi à participer à cette cérémonie sans casser ma concentration et ma préparation, et je n’ai pas réussi à développer mes capacités en arrivant dans ce match une minute avant le début !

Un petit mot encore sur ce championnat à la bande pour féliciter tous les médaillés et tout particulièrement mon ami Willy et surtout Johann Petit pour leur troisième place. Johann a déjà démontré à maintes reprises ses capacités à performer et créer la surprise avec des grandes séries. Cette fois, il en remet une couche en éliminant rien de moins de M. De Bruijn ! Et avec la manière, en deux reprises ! Johann aussi, je te le dit, la couleur de ta médaille va changer…

Et maintenant ?

Brandenburg aura été autant de succès que d’échecs… Je ne peux pas dire que j’ai mal joué, ni au 71/2 avec une victoire contre Leppens en 3 coups et 32 de moyenne générale, ni à la bande avec un nouveau record et une moyenne à plus de 12, et encore moins au 47/2 avec ma victoire… Mais je ne peux pas dire non plus que j’ai bien joué. Mes défaites contre Gerassimopoulos, Riedel et Christiani, ont montré que j’étais fragile par moment, même si j’ai subi de très bonnes performances. J’avais les moyens de faire mieux.

Alors et maintenant ?

C’est la première fois que je termine ma saison sans rien en ligne de mire… Aucune certitude, que des inconnues et des questions sans réponse. Chartres va-t-elle survivre ? Irons-nous nous battre en D2 ? Avec qui ? Une autre équipe française débauchera-t-elle le meilleur joueur de France ? Ou recevrai-je moi-même une proposition ? Et le DBC Bochum va-t-il avoir à nouveau besoin de moi maintenant qu’ils vont réformer des équipes de championnat à 4 joueurs ? Vais-je jouer la coupe d’Europe ? Avec qui ? Une équipe nationale suisse à nouveau ? Et en Suisse aurai-je du temps pour jouer en équipe ? Avec quel club ? Et y aura-t-il comme promis de nouveaux championnats d’Europe la saison prochaine ? Ça en fait des questions sans réponse…

Alors je vais laisser le temps répondre à ces questions et je vais continuer mon travail autour de ces billes avec toujours autant de plaisir, voilà ma seule certitude d’avenir ! Ce que j’ai travaillé pour me préparer cette saison à Brandenburg m’a procuré du plaisir, que faut-il de plus… Et je foisonne de projets pour les vidéos de Billard E-Learning !”

14 commentaires

  1. Ribolla Patrice

    Bravo Xavier !!!
    Je suis heureux de lire ce commentaire, tout est décortiqué avec justesse et humilité, les décisions néfastes de dernière seconde pour soi-disant améliorer le point joué, les efforts faits pour rester dans sa concentration, la réelle sympathie partagée avec certains de nos joueurs français.
    Xavier (je me permets de te tutoyer, comme nous le faisons tous dans ce sport), tu est un « GRAND MONSIEUR «  et pas seulement par ta taille.
    Patrice

  2. BILLARD

    Bonjour, ces analyses sont pleines d’enseignements.
    Ce protocole comme vous le décrivez explique ce sentiment de froideur perçu par certains.
    Je ne vous cache pas ma déception pour Willy, mais c’est un beau podium.
    Quand au Grand de Oissel, un beau titre serait une belle récompense pour non seulement son jeu mais aussi la belle personne qu’il est.

    Je me souviendrai toujours du moment ou vous m’avez dit avoir égayé votre WE à Oissel lors d’un match contre se cher Mr Connesson. Merci pour tout.

  3. liet

    Bonjour Xavier; c’est avec un peu de retard que je vous dit bravo pour votre titre au 47/2 à Brandebourg . J’ai également revécu cette victoire au travers de votre résumé très complet et très réaliste. Bien sur c’était plaisant de vois voir en finale avec Willy le coéquipier de Chartres, mais c’est le sport, il faut un vainqueur.
    Votre résumé est très intéressant bien décortiqué et plein de choses a retenir, je l’ai relu 3 fois … Encore merci, et bravo.

  4. Lacaze Pierre-Jean

    Monsieur Grétillat,
    Bravo pour vos performances, mais aussi pour ce site que je parcours régulièrement.
    Je rejoins les intervenants sur l’analyse de votre récit, très intéressant.
    Par contre, vous parlez de votre protocole sans le décrire, cela serait intéressant. C’est un sujet sur lequel j’ai personnellement cherché à une époque, sans trouver de véritable solution.
    En vous remerciant par avance.
    Cdlt

    1. Le protocole c’est une longue histoire. Il y a une esquisse dans mon livre dans la partie psychologie, mais elle a tellement évolué depuis et en même temps simplifié… Ouvrons une boite de discussion les deux, mais par mail…

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